Dayi Yao Happy et Séverin Attiogbé respectivement de nationalité togolaise et ghanéenne sont condamnés à 15 ans de prison ferme pour avoir porté des coups de couteau mortels sur un jeune étudiant. La scène s’est passée en mai 2014 à la plage de Lomé. L’audience, ouverte ce mercredi 07 juillet 2021, a duré environ 5 heures .
Il est 15h15 minutes. Deux éléments de l’Unité spéciale d’intervention de la gendarmerie appelés encore « Antigangs », habillés tout noir, conduisent dans la salle d’audience les deux accusés ; suivie de l’entrée et l’installation des magistrats de la Cour d’appel et de l’Avocat général. Un tirage au sort est fait aboutissant à la formation de deux groupes de jurée, un titulaire et un suppléant, composés chacun de six membres parmi lesquels se trouvent Togbui Komi Akoutcha Avogan VII et Togbui Gbekou Attivon Kodjovi.
A 15h39, les accusés sont appelés à la barre. Des questions pleuvaient et venaient essentiellement du président de la Cour et de l’Avocat général à Happy et à Sévérin. Ne comprenant pas bien le français, les deux accusés ont bénéficié de l’assistance de M. Kouamé Kokou qui a joué le rôle d’interprète durant toute la séance. Ces deux individus qui étaient arrêtés en août 2014 pour des faits qui leur sont reprochés ont nié en bloc toutes les accusations en ne connaissant ‘’ni d’Adam ni d’Eve’’ dans cette affaire.
LIRE AUSSI – Lomé : L’histoire tragique d’un jeune étudiant poignardé à la plage et décédé au CHU SO
Toutefois, environ 4 mois après l’arrestation des deux individus et incarcérés à la DPCJ, Christine, le seul témoin des faits, a reconnu le visage de celui qui a poignardé son ex copain lors d’un exercice de présentation par ‘’tirage au sort’’ de plusieurs personnes arrêtées et exposées dans une salle vitrée. Et devant le juge d’instruction pour la première fois, elle a également indexé la deuxième personne .
Malgré l’arrivée de Christine à la barre après les interrogations des accusés et ses différentes déclarations, les deux assassins n’ont pas voulu coopérer. La situation se complique et a fait durer le la séance d’environ 5 heures de temps.
C’est ainsi que l’Avocat général, se fondant sur les procès-verbaux, le témoignage de Christine et les incohérences dans les réponses des accusés, a décidé de les condamner à 20 ans de prison chacun. Le procureur a analysé que les accusés ont choisi le mensonge comme moyen de défense.
Une condamnation qui n’a pas été bien accueillie du côté de l’avocat défenseur. Pour Me Amouzou, il y a trop de doutes dans les accusations portées à l’endroit de ses clients. Et d’ajouter que le seul témoignage de Christine ne suffit pas pour condamner Happy et Sévérin. « Il vaut mieux laisser un crime impuni que d’envoyer des innocents en prison », a-t-il raisonné.
A LIRE – Lomé : 10 Affaires de pédophilie et de viol sur la table des juges de la Cour d’appel
Après délibération et la reprise de l’audience aux environs de 20h30, la Cour a décidé finalement de condamner les sieurs Dayi Yao Happy et Séverin Attiogbé à 15 ans de réclusion criminelle et une amende de 700 000 FCFA comme demandée par la partie civile pour dommages et intérêts. La défense dispose de 8 jours francs pour se pourvoir en cassation contre cet arrêt.
Déception pour la défense
Me Amouzou, l’avocat défenseur des deux individus condamnés, n’est pas satisfait de la décision rendue par la Cour. « Il n’y a pas eu de charges suffisantes contre mes clients mais la Cour en a décidé autrement. On ne peut se plier à son verdict. S’il y a lieu de former le pouvoir, nous le ferons dans huit jours », a-t-il indiqué.
Il est à noter que les deux personnes accusées sont des épris de justice. Elles ont déjà été condamnées par le passé pour des faits similaires. Leur condamnation pourrait aller jusqu’à 50 ans si on tenait compte du nouveau code pénal de 2015. Toutefois, la Cour a choisi d’aller de façon douce en se basant sur le principe de rétroactivité de la loi.
Atha ASSAN