Le 26 septembre de chaque année est célébrée la Journée mondiale de la contraception. Pour marquer cette année, Togotopnews donne la parole à de jeunes activistes en santé de reproduction (SR) sur la question de l’autonomisation et des droits en santé sexuelle et reproductive des jeunes. Que ce soit Hayathe Ayéva du Mouvement d’Action des jeunes MAJ de l’Association Togolaise pour le Bien-être familial (ATBEF) ou encore Isidore Djifa Kuessan, président de l’Alliance régionale des jeunes Ambassadeurs SR/PF, l’approche est la même : les deux notions sont intrinsèquement liées.
Selon Hayathe Ayéva, une fille qui maîtrise parfaitement ses droits sexuels et reproductifs peut facilement faire un choix éclairé en ce qui concerne l’utilisation des méthodes contraceptives. Et ceci, poursuit la jeune activiste SR/PF, va conduire sûrement à une autonomisation. « Si tu as mis une méthode contraceptive, tu es loin des grossesses précoces, mariage précoce et tu peux vaquer librement à tes occupations ; poursuivre en toute quiétude les études ou l’apprentissage », explique-t-elle en soutenant qu’ « il y a une relation entre l’autonomisation des jeunes et les droits sexuels et reproductifs ».
De son côté, Isidore Djifa Kuessan décline l’autonomisation des jeunes en trois volets : information, formation et accès aux services SR. Il est important, dit-il, que le jeune soit informé sur les droits en matière de santé sexuelle et de la reproduction ; les services qui sont disponibles et l’endroit où il peut se les procurer. En effet, souligne le président des Jeunes Ambassadeurs, le jeune a besoin de conseils ou d’assistance mais pas de façon permanente. « Les conseils vont permettre au jeune de se prendre en charge en matière de la santé de la reproduction », soutient-il.
Ensuite vient le deuxième volet qu’est la formation. Elle permet au jeune d’être plus autonome, de pouvoir prendre des décisions rigoureuses concernant sa propre vie, la gestion de son corps notamment quand il faut avoir des rapports sexuels, quand il faut se marier ou pas, quand il faut désirer d’avoir un enfant ou pas. « Ce sont des responsabilités qui incombent au jeune et qu’il n’a pas besoin d’une influence extérieure pour pouvoir prendre la décision qui concerne sa propre vie ou sa vie sexuelle. Il faut qu’il soit formé sur les droits, les instruments juridiques qui entrent en jeu quand ses propres droits ne sont pas respectés ou quand lui-même est en conflit avec des droits d’autrui ». Les jeunes doivent, poursuit l’activiste SR/PF, être formés pour être à l’écoute des évènements ou des modifications physiques de leurs corps et leurs pensées, des changements dans la perception de soi et des autres, le développement des valeurs personnelles qui sont influencés par les normes de genre. « Il faut que la jeune fille sache lire son cycle menstruel. Elle doit savoir à quand sa prochaine menstruation ou à quand celle qui est cours va s’arrêter, ce qu’on appelle la période dangereuse », a-t-il détaillé. A travers la formation, le jeune acquiert l’art de négociation surtout au moment des rapports sexuels. « Soit c’est un partenaire qui veut mais l’autre ne veut pas. Qu’est-ce qu’il faut faire ? Il faut négocier, être persuasif. C’est tout ce que nous appelons Education sexuelle complète », a précisé le président de l’Alliance régionale des jeunes Ambassadeurs.
A ces deux volets, s’ajoute l’accès aux services et méthodes contraceptives. Un aspect à ne pas négliger dans la lutte pour un épanouissement des jeunes en matière des droits en santé sexuelle et reproductive. C’est impératif de travailler sur l’accessibilité des services en termes de coûts, de rapprochement des services et de l’amélioration de l’offre afin de pouvoir rendre les services conviviaux. « Le jeune ne peut s’affirmer indépendant ou autonome s’il n’a pas la possibilité d’accéder ou d’utiliser les services qui sont adaptés à son âge», conclut Kuessan.
Pousser les jeunes à une autonomie
L’objectif principal du Partenariat de Ouagadougou est de doubler le nombre d’utilisatrices de contraception moderne pour atteindre 13 millions d’ici 2030. Pour y parvenir, les jeunes ont un rôle à jouer. Et un coup de pousse des adultes est nécessaire pour une autonomie des jeunes. Les adultes, selon Moukaila Oueadraogo, ont la responsabilité de mettre à disposition de la jeune génération leurs expertises, expériences, et accompagnements. Ceci pour amener ces jeunes à grandir. « Cela doit provenir d’un partenariat entre les adultes et les jeunes. Si les organisations de jeunes parviennent à avoir une autonomie, elles vont travailler davantage pour se former, parvenir à un renforcement institutionnel de sorte à absorber et gérer des ressources. Ceci pour que les jeunes puissent faire leurs preuves, ce dont ils sont capables pour arriver à un changement positif pour le développement humain durable », a indiqué le point Focal FP2030 au Burkina-Faso. Toutefois, relativise-t-il, les doivent également s’organiser et assumer aussi leur leadership.
Par ailleurs, d’après un rapport publié récemment par l’UNFPA, l’Afrique sub-saharienne connait encore des indicateurs de santé sexuelle et de la procréation inquiétants. La situation des adolescentes au regard des enjeux de la santé et des droits sexuels et de procréation (SDSP) reste très préoccupante, même si émerge une prise de conscience de la nécessité de mieux répondre à leurs besoins. En Afrique de l’Ouest et Centrale, 45% des femmes se marient ou sont mariées avant 19 ans. Un quart des décès maternels surviennent à l’adolescence et ces décès sont la première cause de mortalité des adolescentes.
Atha ASSAN